Cheval de Skyros – Jument •
Née en 2011 à Corfu, au sein de l’élevage du Silva Project.
Mère : Lapis
Père : Leonidas
Lorsqu’on a pris la décision d’aller chercher des Chevaux de Skyros en Grèce pour les faire reproduire en France, on a tout de suite été freinées dans nos ambitions par l’aspect financier. Entretenir un élevage coûte cher et il était inenvisageable pour nous de rentabiliser le tout avec la vente des poulains pour plusieurs raisons :
- Il fallait amortir le coût du voyage (environ 4000 euros) ;
- Le Cheval de Skyros est très peu connu en France, donc peu populaire, donc pas évident de les vendre quelques milliers d’euros ;
- L’une des idées de l’élevage est d’ouvrir de nouvelles lignées, ce qui implique de garder certains poulains, donc aucune rente sur ceux-là ;
- On n’avait aucune idée de la portée qu’aurait notre travail de valorisation de la race, et de nos capacités en communication, encore moins de l’accueil que les cavaliers français réserveraient au Cheval de Skyros.
Autant de facteurs qui nous ont confirmés dans le choix de créer une association et non une entreprise, et de trouver des solutions pour minimiser les coûts. Le plan imaginé a donc été le suivant :
- Les poulinières seraient achetées par des particuliers ou des éleveurs ;
- L’association achèterait les entiers.
De plus, pour ne pas décourager les potentiels éleveurs ou particuliers intéressés par l’achat d’une jument, le coût du transport serait intégralement pris en charge par l’association. Pourquoi est-ce que je vous raconte tout ça, me direz-vous ? Premièrement parce que c’est important pour nous que vous compreniez les frais engagés dans notre action de préservation du Cheval de Skyros, et notre besoin constant de financement. Deuxièmement parce que c’est à cette étape qu’on a rencontré Béatrice et que l’idée de faire venir Pandora est devenue concrète.
Béatrice est une éleveuse de poneys de sport installée en Bourgogne. Elle m’a appelé un matin pour en savoir un peu plus sur ce projet dont elle avait entendu parler : aider une race menacée, accueillir une super ponette au physique complètement différent de ce que l’on voit en France… Elle était tentée. Elle ne s’est pas découragée quand on lui a donné le prix qu’en demandait les éleveuses grecques. Elle ne s’est pas découragée non plus quand on lui a donné le délai (parce qu’il fallait encore qu’on trouve les sous pour financer le voyage et qu’on négocie avec les éleveuses grecques). Surtout, elle ne s’est pas découragée quand on lui a dit qu’il faudrait qu’elle choisisse sa jument sur photo parmi celles sélectionnées sur des critères principalement génétiques.
Après des mois d’échanges de mails tenaces et obstinés, notre travail a payé. La liste préliminaire de juments envoyée par l’élevage de Corfu s’est allongée d’un nom : Pandora. Et d’une photo.
Comme ça c’était pas flagrant. Mais quand on a jeté un œil à sa génétique, et qu’on a appris qu’elle n’était pas sur la liste de départ parce que c’est un des plus jolis modèles de l’élevage, on a ressenti plein de choses. Beaucoup de fierté de savoir qu’un élevage grec nous faisait suffisamment confiance pour nous confier une de ses plus belles juments. Beaucoup de joie à l’idée de pouvoir lancer notre élevage avec d’aussi beaux représentants de la race des Chevaux de Skyros.
Béatrice n’a pas hésité une seconde. Après par contre, ça s’est compliqué. Les deux juments qu’on a choisies devaient être saillies sur place (en Grèce) deux ou trois mois avant leur départ, afin de ramener en France le plus de lignées possible. Sauf que deux ou trois mois avant leur départ, lorsque Pandora s’est acharnée à envoyer bouler Angel, le bel entier, on s’est rendu compte qu’elle était déjà pleine. Et au vu de la date de la dernière escapade de l’entier, elle était déjà même bien pleine. La décision n’a pas été facile, les discussions avec l’éleveuse et le transporteur impliqué dans notre projet ont été (à nouveau) longues et houleuses, mais on a finalement fait le choix de la ramener avec nous.
Pandora est arrivée en France, dans le Trièves, le 11 mars 2017. Hippolyte, son premier poulain, est né le 2 mai 2017.
Pandora a donné naissance à Hippolyte dans le Trièves parce qu’on ne voulait pas la séparer de sa meilleure amie Pepper alors qu’elle était si proche du terme (et qu’on trouvait que 3000 kilomètres dans les pattes ça suffisait). Elle et son poulain ont rejoint Béatrice en Bourgogne quelque temps après, lorsqu’ils ont été prêts à voyager sereinement (et après qu’elle a été saillie par Eole).
En avril 2018, elle a donné naissance à Iti, le premier fils d’Eole. Et au printemps 2019, après un petit passage dans le Trièves pour être de nouveau saillie par Eole elle a rejoint Aline dans notre bastion ardéchois. Pourquoi ? Parce que Béatrice est une éleveuse hors pair et que le bien-être de sa jument passe avant tout. Durant les deux ans que Pandora a passé en Bourgogne, Béatrice a pu observer les difficultés de sa jument à s’adapter au climat et aux conditions de vie sur place. Les hivers sont froids et humides, les étés très secs et chauds, et surtout l’herbe manque rapidement et les chevaux sont souvent au foin. Tout ça plus les gestations et les temps d’allaitement, malgré tous les efforts de Béatrice (qui furent nombreux), Pandora a toujours eu du mal à garder de l’état.
Elle a aimé l’Ardèche. Et elle y a donné naissance à Kaleo au printemps 2020.
Mais comme Aline a décidé de collectionner les entiers (en gardant notamment Kaleo), et qu’on cherchait une solution pour que Iota ne soit pas seul, le Collectif de Préservation du Bien-Être de Pandora composé de Béatrice (her one true love), Aline (sa première fan) et le bureau de l’association (ça en fait du monde !) a décidé que Pandora resterait dorénavant avec nous dans le Trièves.
Iota était content de la rencontrer, et je crois qu’elle aussi.
De leur belle histoire (Iota et Pandora sont vraiment très complices) est né Meltem. Le poulinage n’a pas été facile, on a dû filer en clinique à Lyon quelques heures après la perte des eaux pour une histoire de matrice, mais finalement tout s’est bien fini (sauf la facture, qui fut salée). La bonne nouvelle, c’est que Meltem est en pleine forme et qu’il est magnifique. La mauvaise, c’est que c’est (encore) un mâle. On en est donc au quatrième pour Pandora, et c’est dommage, parce qu’une pouliche aurait été parfaite pour rencontrer Echo dans quelques années. Mais on est contentes quand même (il est vraiment parfait).
C’est la deuxième fois que Pandora vit une mise bas compliquée (Hippolyte avait déjà eu des problèmes similaires) et cette année encore, elle peine à garder de l’état. Après de longues réflexions, on a donc décidé que ce serait retraite à 12 ans pour Pando !
On va prendre l’hiver pour lui refaire une santé et réfléchir aux jolis projets qu’on va pouvoir mener avec elle maintenant qu’elle sera un peu plus dispo !