Clio Marshall •
“Les yeux s’adaptent à la lumière en rétractant leur pupille, et ils s’adaptent à l’obscurité en dilatant leur pupille. Il faut 25 minutes à l’œil humain pour s’ajuster lorsqu’il passe d’un soleil éclatant au noir total. Mais il faut 45 minutes à l’œil équin, presque deux fois plus de temps. Donc, lorsqu’il entre dans un bâtiment sombre alors qu’il fait grand jour dehors, votre cheval va souffrir de l’obscurité longtemps après que vous vous y êtes habitués.
Après adaptation, ses yeux sont 25 000 fois plus sensibles qu’ils ne l’étaient au départ. Maintenant, il peut voir. Malheureusement, sa séance de travail de 45 minutes est sur le point de se finir.”
Il en va de même en sens inverse, pour un cheval vivant au pré qui serait monté de nuit dans une carrière éclairée.
Suite à plusieurs commentaires “interrogatifs” (pour rester polie) sur le post initial, quelques précisions.
Cet article est la traduction d’un texte écrit par Janet L. Jones, doctorante et professeure en sciences cognitive, reconnue dans son milieu. Cet extrait particulier s’appuie sur les travaux de Zoe Davis, autrice du livre Equine Science, dont la troisième édition date de 2017, elle-même une référence dans son milieu. À moins que vous n’ayez quoi que ce soit pour appuyer vos propos, permettez-moi donc d’avoir une préférence pour leurs études plutôt que pour vos ressentis
Ensuite, on ne parle pas de la même chose. La plupart d’entre vous parlent du temps d’adaptation durant laquelle l’œil est aveugle ou presque, qui, chez le cheval, dure entre 30 et 60 secondes (ce n’est pas moi qui le dit mais Michel-Antoine Leblanc). L’autrice parle ici du temps nécessaire à l’œil pour arriver à ses capacités optimales de vision nocturne. Elle ne dit pas que le cheval est aveugle pendant 45 minutes (oui, on parle bien de minutes, pas de secondes). Elle dit simplement que lorsqu’on passe d’un extrême à l’autre, il faut 45 minutes à l’œil pour retrouver ses capacités optimales. Et comme vous avez raison, on passe rarement d’un extrême à l’autre, on peut partir du principe que ce temps est un peu plus court. Mais je trouve important de garder ces 45 minutes en tête comme référence, justement pour éviter les erreurs du genre “ça ne prend que quelques secondes”. L’échelle n’est clairement pas la bonne.
Enfin, quelqu’un a demandé si le cheval “souffre” de cette transition. Je ne pense pas. Pour le coup, c’est plutôt ma traduction qui ne rend pas justice au texte original, mais j’ai toujours du mal à trouver un bon équivalent pour “struggle”. Par contre, étant limité dans l’un de ses sens (parce que sa vision n’est pas optimale) le cheval va se concentrer sur ses autres sens. Ce temps long peut donc expliquer pourquoi, dans ces situations, un cheval peut paraître plus sensible à certains stimuli sonores par exemple. Et pour ce qui est de la carrière éclairée, quand bien même l’œil s’est habitué à la lumière, la zone autour de la carrière est elle complètement aveugle.
J’espère avoir répondu à vos interrogations (et commentaires plus ou moins agréables), n’hésitez pas si vous en avez d’autres (sauf pour les commentaires désagréables, ceux-là vraiment, vous pouvez les garder ) !
Sources : traduction d’un passage de Horse Brain, Humain Brain, Janet L. Jones, 2020