Clio Marshall •
Vous avez été plusieurs à nous poser des questions sur les filets à foin. Voici donc mes réponses, basées sur mon expérience et les recherches que j’ai pu faire sur le sujet. Je m’occupe depuis bientôt quatre ans (quatre ans déjà !) de deux petits troupeaux de Chevaux de Skyros (les chevaux de Bouillon de Poney), dans le Trièves. Le Cheval de Skyros est un cheval miniature d’un mètre dix, qui a la particularité d’être fin. Très fin. Et j’ai observé que ceux dont je m’occupe avaient plutôt tendance à prendre du poids, progressivement, d’année en année. Plusieurs raisons à ça.
- Les Chevaux de Skyros sont originaires de Grèce, ils sont faits pour sucer des cailloux une bonne partie de l’année.
- On est en altitude, le printemps arrive tard mais il dure longtemps. L’herbe peut être verte d’avril à novembre les bonnes années.
- Pour préserver mes prairies, les chevaux attaquent une pâture lorsque l’herbe est autour des 15 cm et la quittent lorsqu’elle descend à 5. Donc ils y sont quand elle est riche.
- Les agriculteurs du coin à qui j’achètent mon foin font du bon foin. Il est beau, il sent bon, il est riche.
- Avec le nez dans le râtelier tout l’hiver, les chevaux finissent l’hiver au moins aussi gras qu’il ne l’ont commencé. Et comme ils grossissent forcément au printemps à cause de l’herbe… Vous voyez le cercle vicieux ?
Une fois le problème posé, il a fallu trouver sur quels leviers je pouvais faire pression. Les 1 et 2, je n’y peux rien. Le 3 est non négociable, j’ai besoin de prairies en bonne santé et mon ancien patron me tuerait si je ne suivais pas ses précieux conseils. Le 4, éventuellement. Le 5, carrément.
Pour jouer sur le levier 5, j’ai deux solutions : rationner, ou ralentir l’ingestion. Ce qui veut dire qu’en fait, je n’en ai qu’une, de solution, puisque rationner est totalement contre productif et hautement déconseillé. Me voilà donc partie à la recherche d’un filet à foin.
Une fois que j’en ai trouvé un qui me parait pas mal, fabriqué main, chez nos amis les anglais, appuyé par des recherches scientifiques et testé et approuvé par plusieurs connaissances de confiance, je décide de le tester moi-même. C’est assez facile parce que j’ai deux troupeaux (un test et un témoin) et une dentiste qui passe tous les ans et qui connait bien les poneys (je m’inquiète, comme tout le monde, de l’impact du filet sur leurs dents).
Pendant l’hiver, j’ai redécouvert qu’Iti, Iota et Echo avaient des côtes. À la fin de l’hiver, ils avaient un poids idéal, un peu en dessous de leur poids de forme, parfait pour affronter le printemps et ses excès. Je n’ai pas eu besoin d’actionner le levier 4 en leur donnant un moins bon foin ou de la paille. Leur filet n’a jamais été vide, ils n’ont montré aucune frustration, aucun comportement indésirable, pas d’augmentation des comportements agressifs non plus. Ce qui m’a le plus surprise, c’est que lorsque je leur posais un quartier de foin au dessus du filet les jours de grosse neige, ils l’ignoraient bien souvent et continuaient à grignoter leur filet.
Je n’ai observé aucun problème de gencive pendant l’hiver. La dentiste n’a observé aucune différence entre les dents d’Iti, Iota et Echo et les dents des deux autres, le troupeau témoin. Ce que j’aime surtout, et c’est là que je voulais en venir lorsque je vous disais que les filets peuvent permettre de recréer le comportement de recherche que les chevaux déclenchent naturellement lorsqu’ils broutent, c’est que les poneys broutent leur foin. En statique plutôt qu’en marche, évidemment, mais le comportement d’ingestion avec ce filet ressemble fichtrement au comportement d’ingestion d’un cheval à l’herbe, et je vous laisse l’observer par vous-même en vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=8qhUbsXa1KM.
On a pas pour habitude, chez Bouillon de Poney, de faire de la pub pour des produits. On est pas des commerciales, on a aucun partenariat avec qui que ce soit et on est bien comme ça. Mais on a décidé de faire une petite exception pour celui là parce qu’il a radicalement changé la vie de notre troupeau de Skyros, qui a pu apprécier pleinement son printemps luxurieux et qui attaque maintenant l’hiver avec un très léger embonpoint, juste ce qu’il faut pour supporter les premiers froids. Le filet en question s’appelle le Trickle Net. Je ne vous dis pas là qu’il est le seul bon filet à foin. Encore une fois, je ne vous donne ici que mon expérience, parce que d’un point de vue comportemental, ce filet coche toutes les cases.
Légère précision : ce filet ne permet aucun gaspillage. C’est un très bon outil économiquement parlant, mais il demande aussi une certaine vigilance. Les bottes de foin contiennent toujours un léger pourcentage de refus, et c’est à nous de veiller à ce que les chevaux aient toujours un aliment de qualité (plus ou moins riche) à brouter ; donc d’enlever régulièrement ces refus.
PS : Si votre filet vous apporte la même satisfaction, alors c’est merveilleux, gardez-le précieusement.